Les regards parlants

Il y a les bavards et les «taiseux», ceux pour qui le silence est un allié. Mais, si les mots sont chargés de sens et base de notre communication, les regards sont des véhicules plus discrets mais ô combien
parlants !
«Papa, regarde !», dit Thomas en s’élançant dans l’escalade d’un jeu du square. Et ce regard paternel vient le soutenir dans son courage, justifier son effort, augmenter son plaisir. Regard d’encouragement et de fierté nécessaire à la construction positive de l’enfant.
«On ne m’avait jamais regardée comme Guy auparavant !», dit Myriam. Regard admiratif, amoureux, amusé, attentif, espiègle de son conjoint : il a contribué à la construction du couple. Regard qui fait qu’elle se sent belle ; ou lui, intéressant et apprécié.
Nous sommes aussi capables de regards qui «tuent» : ironie mordante, mépris, colère, voire haine dans les graves disputes. Plus banalement, regards neutres, indifférents, blasés ou éteints, qui peuvent être aussi blessants : «Tu n’as même pas vu !»
Dans une léproserie en Inde, les soignants avaient remarqué un homme qui, contrairement aux autres malades, ne dépérissait pas physiquement ni moralement. Il restait « vivant» ! Ils se sont aperçus qu’il avait un rituel. Chaque jour à la même heure, il se plaçait dans la cour et regardait par-delà le grand mur de clôture. Que voyait-il ? Son épouse qui, faute de pouvoir se faire entendre à cause de la distance, lui adressait un regard, un profond regard de tendresse et de courage. Et ce regard quotidien le faisait vivre.
Et si nous faisions de nos yeux des messagers d’amour, porteurs de vie ?
Nicole Deheuvels est pasteur réformée et thérapeute familiale
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Article tiré du numéro Family, 3/2014
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