Face aux pleurs, montrez votre amour

Il est loin le temps où l’on conseillait aux parents de laisser pleurer leur bébé. De nos jours, les spécialistes de la petite enfance invitent à répondre systématiquement aux pleurs, afin que le tout-petit développe une confiance de base et se sente aimé inconditionnellement.
Attention au message qu’il reçoit
«Il est extrêmement important de satisfaire rapidement tous les besoins d’un bébé qui pleure»: telle est la conviction d’Aletha Solter, psychologue et spécialiste du développement. Dans A l’écoute de mon bébé (éd. Jouvence), elle explicite qu’un bébé dont les pleurs sont ignorés peut en venir à penser que le monde est imprévisible et qu’il ne peut pas compter sur les autres pour satisfaire ses besoins. «Si en revanche, quelqu’un réagit chaque fois qu’il pleure, il développera une confiance élémentaire ainsi que les sentiments de pouvoir et d’estime de soi», complète-t-elle.
Lorsque ses pleurs ne génèrent aucune réaction, un tout-petit est incapable d’interpréter la situation en se basant sur les motivations (ma mère m’aime beaucoup mais elle est fatiguée aujourd’hui). Le message qu’il reçoit est qu’il n’est pas important ou aimé: «Ainsi, ignorer les pleurs d’un bébé revient à lui fournir des informations erronées sur lui-même, dont découlera sa future attitude.»
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Les larmes sont bénéfiques
Toutefois, tous les pleurs ne sont pas l’expression d’un besoin immédiat. Les spécialistes relèvent qu’ils ont une autre fonction importante pour le bébé: se libérer du stress ou de tensions. «La répétition cyclique de période de pleurs à laquelle s’ajoute le détermination de l’enfant à pleurer, est une preuve évidente qu’il exprime un besoin intérieur de pleurer ou de relâcher la tension», analysait déjà dans son ouvrage Infants and Mothers le célèbre pédiatre américain Terry B. Brazelton.
En outre, des études ont montré que le bébé a un niveau élevé de cortisol (l’une des hormones du stress) à la naissance et lors de la période post-partum; celui-ci diminuant ensuite progressivement jusqu’à l’âge de six mois. Les pleurs sont d’autant plus bénéfiques que les larmes, comme le souligne Aletha Solter, contiennent certains hormones et neurotransmetteurs, qui jouent un rôle important dans la réponse au stress. Pour les parents, il s’agira donc de rechercher des moyens d’éviter au nouveau-né des situations stressantes. Une de celles-ci peut être l’excès de stimulations ou nouvelles sensations, comme les bruits de télévision accumulés aux autres bruits de la maison. Lors d’une fête, il serait conseillé de garder le bébé contre soi pour que les sons du corps maternel et les odeurs le rassurent.
Mais concrètement, que faire lorsque son tout-petit pleure à plein poumon, souvent en fin de journée? Aletha Solter préconise de ne jamais le laisser pleurer tout seul: «Il est important de le prendre dans les bras, quelle que soit la durée des pleurs, tout en lui témoignant de l’amour, de l’empathie et en le rassurant.» Ce faisant, le parent aide le bébé à pleurer librement lorsqu’il en a besoin, et à ne pas refouler ses émotions.
Sandrine Roulet
