L’envers du décor
Au cours d’un voyage, j’ai pu visiter quelques jolies petites églises orthodoxes disséminées dans la campagne grecque. C’était un moment de bonheur de pouvoir pousser la porte pour profiter d’un instant de fraîcheur, de silence et de beauté. Dans chacune, pour clore le chœur, un grand panneau de bois, l’iconostase. Décoré d’icônes, il vient fermer au public, aux laïcs, la partie sacrée réservée aux prêtres.
J’avoue que cet espace interdit suscitait en moi quelque curiosité, comme l’envie de voir ce qui se cache de si «sacré» derrière le mur infranchissable au commun des mortels. Et puis, dans l’une de ces églises, fort ancienne, j’eu ai accès à un étage anciennement dédié aux femmes. Une vue plongeante permettait de voir derrière le mur en bois peint d’icônes entourées d’or. Et là, quel choc! L’espace caché aux yeux de tous était sombre, sale, encombré. Un balai traînait avec sa pelle, une cuvette en plastique bleu. Le dos du panneau précieux était consolidé par quelques morceaux de contreplaqués et des baguettes hétéroclites. L’envers du décor tranchait singulièrement avec la solennité brillante de l’endroit.
Aussitôt, j’ai pensé à l’image de certains couples: derrière la façade du paraître se cache parfois une réalité triste et vide.
Mon désir? Que le soin apporté au visible soit le reflet du soin apporté par les époux à leur relation. Que derrière les murs des espaces conjugaux privés se cachent, non des débarras poussiéreux, mais de délicieux jardins fleuris, parfumés, réservés, où les amoureux prennent plaisir à se ressourcer.

Article tiré du numéro Family 4/19 Novembre 2019 – Janvier 2020
Pour poursuivre la lecture, choisissez une des options suivantes: