Se marier, à quoi bon?

Il y a cent ans de ça, on passait du «puisque nous sommes mariés, aimons-nous» traditionnel au «puisque nous nous aimons, marions-nous».
Mais tous ne renoncent pas au mariage, à en croire le Cosmopolitan: «J’ai dit oui à Pierre parce que je sais au fond de moi que, malgré les épreuves, je passerai ma vie avec lui», raconte Camille, 29 ans. Elise, 24 ans, avalise l’évidence: «D’emblée, on parlait de l’autre en disant “ma femme” ou “mon mari”. Le mariage n’a fait que régulariser la situation». D’aucuns citent l’intérêt des enfants, un nom identique, les limites d’une «union civile»… Toutefois, amour et noces semblent ne plus faire si bon ménage.
Amour et mariage, des faux jumeaux?
Publicité
En droit, on ne parle pas d’amour: c’est notre culture qui a fait rimer amour et mariage. On l’oublie pourtant… Quand le mariage d’amour s’est généralisé à l’Occident, roucouler durablement était malvenu: ni viril, ni pudique!
Car il fallait imiter là le Christ, cloué sur la Croix en réponse au rejet humain: un amour bien radical. Dans la Bible, l’alliance entre Yahvé et son peuple ressemble à des épousailles passionnées. L’époux divin, transporté, va séduire la fiancée, parler à son cœur, mais sans s’imposer, à l’inverse des maris juifs face à leurs femmes d’à peine douze ans, la nuit des noces.
Loin de les répudier, Jésus-Christ pousse les maris à s’attacher à leurs femmes… Pour lui, «le jeune époux», convoler n’est pas que perpétuer le groupe, et/ou s’enrichir via une lignée de fils.
De nos jours, tout est devenu possible. Mais la liberté n’est-elle pas ce qui s’use si l’on ne s’en sert pas? Nicole Deheuvels, conseillère conjugale et familiale, le rappelle, citant C. Singer, essayiste et romancière française: «La vraie aventure de vie, le défi clair et haut n’est pas de fuir l’engagement mais de l’oser!». Dans ce cas, choix civil et choix religieux s’enrichissent…
3 bonnes raisons de se marier civilement
Premièrement, se marier, c’est créer officiellement une nouvelle famille. Cela permet de clarifier le patrimoine, pour protéger d’autrui, garantissant une pension au survivant conjoint, en sus de l’héritage, qui, lui, inclut les enfants. Pour limiter la vénalité, on peut veiller à encadrer les transferts de biens entre conjoints.
Ensuite, le droit français inclut le respect entre conjoints: les époux doivent coopérer au bien commun, si bien que tuer un conjoint aggrave la peine encourue et qu’on punit l’abandon de famille. L’adultère et l’égocentrisme financier sont, quant à eux, désormais peu sanctionnés.
Enfin, il y a des avantages fiscaux à être marié. Mais selon les législations, le concubinage peut être plus avantageux. Nombreux sont ceux qui choisissent leur type d’union sur cette base.
3 bonnes raisons de se marier chrétiennement
Et Dieu dans tout ça? Se marier sous le regard de Dieu donne du sens et du souffle à l’histoire d’amour. Les aspects relationnels, les convenances personnelles et sociales comme les valeurs religieuses se conjuguent. Les engagements publics le disent, la bénédiction au Temple le montre, les époux misent sur la présence de Dieu et sur l’Evangile.
Ensuite, pour les catholiques, c’est Jésus-Christ en personne qui a élevé le mariage entre deux baptisés au rang de sacrement. L’engagement de Dieu dans ce sacrement est alors irrévocable. Le «oui» libre des époux, qui en est la «matière», reflète la confiance divine donnée aux fiancés, qui se reconnaissent mutuellement comme «uniques et irremplaçables». «Ordonné au salut d’autrui», le mariage-sacrement sanctifie enfin les conjoints de bonne volonté. Si les protestants ne reconnaissent pas les sacrements, on retrouve la demande de bénédiction divine pour certains, l’engagement devant Dieu pour d’autres.
Enfin, devant Dieu et devant les hommes, puisque le Tout-Autre est fiable en son Alliance et en ses promesses, on ose se fier à un être humain, qui se fie à nous, sans se vouloir isolés dans son coin. C’est s’ouvrir à l’avenir en assumant la perspective de transmettre la vie, de s’inscrire dans les générations.
Le mariage fait d’autant plus sens qu’il est choisi. Ici, l’histoire singulière du couple et le soutien du groupe social, sinon celui des sœurs et des frères dans la foi se rencontrent. Se marier traduit la conscience qu’on se reçoit de plus loin que de soi-même. C’est ainsi oser une parole et engager une relation qui va maturer, supposant, pour prendre chair, une implication concrète au quotidien.
